Échantillons de l’homme de moins


Matthieu Mével

€10,00
“Imaginons un paysage de prothèses, imaginez. De la la terre et des pierres, un arbre effondré, des trous. Le drame n’a plus lieu sur scène, il est dans le décor-paysage: verre, métal, plastique. Comment dire mieux que l’espace se meurt. On entend une radio...” Un homme arrive sur une colline par une nuit d’orage. Il parle à un mannequin qui ressemble à une jeune fille, il parle à un roi mort, à un chien, à un duo comique, à un arbre, à des pierres. Il parle avec les objets, les animaux, les morts. Dans la terre il trouve un séquenceur. C’est un dispositif numérique, une mémoire exacte qui permet d’enregistrer et d’ordonner les éléments dans une séquence. L’homme joue avec le séquenceur. Il s’abandonne dans le concert de sa voix enregistrée. L’enregistrement a pris la place de la vie. L’échantillonnage met la répétition au coeur du texte, entraînant une perte des sens et en même temps la reconstitution de quelque chose qui se souvient du sens dans les trous de la langue. La machine ne porte pas seulement la mémoire, elle la tord, et l’expose. Le théâtre est envahi par ce qui refuse le théâtre: animaux, objets, machines
L'auteur

Écrivain (théâtre, poésie, entretiens et articles), acteur et metteur en scène, Mathieu Mével vit à Rome. Depuis 2006, il donne un cours sur les écritures contemporaines à l’université d’Evry Val d’Essonne. Il a joué sous la direction de Jean-Christian Grinevald, Jacques Lassalle, Elisabeth Chailloux, Michel Didym, Abbès Zahmani, Joël Pommerat… Entre 1998 et 2003, il a écrit et mis en scène quatre pièces : “Les Têtes à funérailles” (1998), “Sept jours plus tard” (1999), “L’Assassin et la Statue” (2000) et “Le Visiteur” (2001). Il a aussi mis en scène “Le Dépeupleur” de S.Beckett en 2002. On retrouvait dans ces spectacles un jeu avec les limites du théâtre : désoeuvrement de la représentation (narration discontinue, acteurs sans rôles), questionnement de la présence de l’acteur (présences diminuées, démultiplication du rôle, voix enregistrées) ainsi que l’influence des écritures de Beckett et de Carmelo Bene, des pratiques de C. Régy, F. Tanguy ou R. Castellucci. Il a d’ailleurs collaboré avec ce dernier en traduisant sa version du “Purgatoire” de Dante et publié un entretien avec le metteur en scène. Depuis 2004, il s’intéresse à d’autres formes théâtrales comme la performance et les créations in situ, qui s’échappent des lieux de représentation traditionnels pour se nourrir des paysages urbains et inventer de nouveaux modes de représentation. Echantillons de l’homme de moins a donc été joué dans des espaces réels : dans une galerie parisienne, dans les jardins de Versailles, à Mexico et dans le port de Dieppe.

112 pages | ISBN : 9782355391132